vendredi, mars 24, 2006

Blogs sans frontières : blogs, éducation et politique


Il se passe des choses à Lyon... Si vous suivez le lien proposé http://www.ens-lsh.fr/labo/plumme/prog.htm, vous arriverez ainsi, sur le site de l'ENS (Ecole normale sciences humaines...), aux pages consacrées par le labo ICAR à ses dernières journées d'études.

Leur travail ne nous intéresse pas directement (cela tourne en gros autour de l'utilisation des multimédias pour l'enseignement), mais un petit détour sur leur site n'est pas forcément du temps perdu. On y trouve en particulier (sur PowerPoint) une présentation intéressante du phénomène "blog" et des exemples d'application des méthodes de la critique moderne aux "lectures numériques".

Toujours dans le monde de la blogosphère, je recommande la lecture du "Guide pratique du blogger et du cyberdissident" sur le site de Reporters sans frontières : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14956

Le point de départ, pour RSF, est le constat que "dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté. Les exemples de bloggers emprisonnés ou harcelés ne manquent pas. L’un des contributeurs à ce guide, Arash Sigarchi, a été condamné à 14 ans de prison pour quelques « posts » critiques du régime iranien. Son témoignage rappelle que certains bloggers conçoivent leur travail comme une nécessité et un devoir, pas comme un simple passe-temps. Ils ont conscience d’être la bouche et les oreilles de milliers d’autres internautes."

C'est peut-être un peu trop "exalté" mais cela parle tout de même pour ceux qui pratiquent la Toile arabe...

Sous forme d'un petit manuel qui fait moins dans la théorie, RSF propose toutes sortes de conseils pratiques pour tirer le maximum de profit de la nouvelle technique. Il y a même des conseils de prudence, et de cyberdissidence, très pratiques...

Et en plus il y a une version en arabe !


Ceux que cette lecture aurait inspirés trouveront certainement profit, pour améliorer leur pratique de ce blog - allez, "sipiens", encore un effort ! - en allant lire l'aide, en français, de blogger : http://help.blogger.com

jeudi, mars 16, 2006

Les dernières nouvelles de l'Internet en Syrie

Un petit point d'un utilisateur d'internet en Syrie pour qu'Yves ne soit pas le seul à écrire

D'abord la multiplication des fournisseurs d'accès
En plus de STE (le ministère des télécommunications), SCS (la Syrian computer society pas vraiment privée dans ses statuts mais ayant un mode de marketing privé), AYA se présente comme "le premier fournisseur privé de Syrie" est apparu au dernier trimestre 2005 et maintenant CEC-SY. Il serait interressant de savoir s'il s'agit d'une vrai concurrence ou de la même chose que pour le téléphone portable. En tout cas cette "fausse concurrence" fait baisser les prix alors que la "vrai" concurrence au Liban abouti au téléphone parmis les plus cher au monde.
Les grands avantages : L'accés simplifie a Internet. Plus de limitation aux docteurs d'université pour SCS. On se procure une connection internet simplement en présentant une carte d'identité ou un passeport. Les prix ont diminués, meme s'ils restent cher par rapport aux revenus. L'heure d'internet est a 25 LS. Les Internets Cafe ont fleuris dans les quartiers populaires et ont souvent des lignes a haut debit.

Pour l'instant seul STE a le monopole de l'accés ADSL mais les autres fournisseurs d'accès sont sur les starting blocks.

J'ai fait les essais chez STE (le plus restrictif des fournisseurs), blogger.com est accessible bien qu'ils aient récemment bloqués d'autres services (POP3 par exemple qui permet de récuperer son courrier sur des serveurs autres que ceux de STE). Il m'a été impossible de savoir si ce nouveau blocage est une décision politique ou un problème technique.
L'impossibilite d'avouer qu'on ne sait pas faire se transforme souvent en decision voulue vis a vis de l'exterieur.

L'embargo americain bloque particulierement les monde des TIC en Syrie. Il faut le contourner pour obtenir du materiel et des licences. La aussi c'est un paradoxe : si on dit qu'Internet favorise la democratie, pourquoi bloquer sa diffusion en interdisant la diffusion des technologies qui permettent de le mettre en place.

Sinon la politique syrienne est encore de diffuser l'informatique. la SCS en 2005 proposait des ordinateurs à crédit qui permettait à des personnes gagnant de petits salaires de s'equiper en ordinateur. Je trouvais l'autre jour un chiffre de 4,5 % de diffusion de l'internet fournis pas Arab Advisor, mais sans precision de date. Hors dans la Syrie actuellement tout bouge très vite. Bien sur, Damas n'est pas la Syrie. Mais je pense que rares sont ceux de la génération des 15 - 25 ans de Damas et d'Alep qui n'ont pas un téléphone portable. S'ils n'ont pas d'ordinateurs chez eux, ils fréquentent les internets cafès et ont généralement une adresse e-mail.

Les gens des quartiers populaires qui regardaient avant le 14/02/2005 les televisions libanaises ont maintenant la television digitale. Pour 7000 LS vous avez la connection a Hotbird, NileSat... c'est a la portée de beaucoup quand on gére son argent avec le système des tontines.

vendredi, mars 10, 2006

De "Yezzi fock" à "Fuck Yezzi" !


L'imagette ci-dessus est tirée du site www.yezzi.org, "une première dans le domaine des manifestations virtuelle dans le monde arabe" pour parler comme Faysal al-Qasim sur Al-Jazeera (il a consacré une émission au sujet à l’époque, et le texte de l'émission est encore disponible sur le site de la chaîne :
www.aljazeera.net/Channel/aspx/print.htm)

Le mieux est encore de laisser les organisateurs du site présenter eux-mêmes leur projet :

حرماننا من حق التظاهر السلمي داخل الفضاءات العمومية التونسية أجبرنا على اللجوء إلى فضاء الأنترنت قصد تنظيم مظاهرة نعبر فيها عن سخطنا من النظام القمعي في تونس
« A défaut de pouvoir manifester physiquement au sein des espaces publics tunisiens, nous mettons à profit le Web pour tenir une manifestation permanente afin d'exprimer notre ras-le-bol à l'égard du régime dictatorial tunisien. »
L’expérience de ce site officiellement enregistré à Tunis a duré deux mois environ. La dernière mise à jour a été faite le 20 novembre à en croire le http://www.whois.net/
- vous connaissez « la méthode à Ermete », pas besoin de vous faire un dessin !

Dans les faits, ceux qui le souhaitaient pouvaient faire parvenir une photo (le résultat est parfois assez sympa à regarder, il y a de l'imagination) en guise de participation à cette manifestation virtuelle... Les gens signaient ou non, montraient leur visage ou non…

Le graphique de fréquentation donné par http://www.alexa.com/ (je renonce à le montrer, il ne sera pas visible) fait apparaître un pic à la fin de la première semaine d’octobre, entre 15 et 20 millions de connections par jour, avec une descente en dents de scie par la suite.

Comme le souligne la page d'accueil, signée par ce qui ressemble à une sorte de collectif d'acteurs tunisiens sur le Net, il n'aura fallu que 18 heures au pays organisateur de l'Immense Débat sur l'Information et les Ordinateurs Transnationaux (l'acronyme donne "IDIOT") pour bloquer le site en Tunisie... Peine perdue, yezzi a fait partie de ces initiatives que les "médias traditionnels" ont choisi de relayer. Ci-dessous, la liste des références qui figurent à la rubrique "yezzi dans les médias" :

Aljazeera Arabic Channel Sat CNN Arabic section Le nouvel Observateur Le JT de TV5 du 16 novembre 2005 Radio Monte Carlo "Bourdin & Co" Avui (Diari - Spain) Libération.fr Penne Digitali Politicsonline.com Global Voices Online Pour une Alliance socialiste AgoraVox, le "journalisme citoyen" U.S. Newswire Carta (Cantieri Sociali) D-La Repubblica delle Donne Alternatives Canada Online Reports.ch Adnkronos International Le Courrier de Casablanca Tunisnews.net RéSo Association Samizdat Havard Law School Digital Divide Network Icann Watch Indymedia UK Declan McCullagh - CNET News Al Bawaba Libya-Almostakbal.com c4arab.com Bluewin Magazine Newswatch.in Collectif Bellaciao Alwatanvoice.com IFEX Planète Non Violence InterActivist Info Exchange Nawaat.org Reveiltunisien.org Tunezine.com Andy Carvin's Waste of Bandwidth Hacktivist News Service Libertarian Kids Blogger.Xs4all.nl Hchicha’s Blog Free2Innovate.net Blogrel Bahrainblogs.com Farfesh.com Awakening a Civil Rights Movement in the Middle East Awakening a Civil Rights Movement in the Middle Eas Blogsocial viabloga zeitgeist Information Safety and Freedom Toblog Glutter.org Islamonline.net Congrès Pour la République Parti Démocrate Progressiste Nahdha Alhiwar.net Elkhadra.org Rebecca MacKinnon Blog Storm-petrel Blog Neila Charchour Hachicha Blog Sabbah Blog Ndesanjo Macha Blog The Moor Next Door

Pas mal tout de même ! Et il y a dû y en avoir encore par la suite. Cela rejoint un des éléments du débat sur Al-Jazeera à ce sujet : le relais des autres médias est, au moins aujourd’hui encore, essentiel…

Cela dit, quelques mois après, le constat peut aussi être cruel : mis à part un petit "soufflé journalistico-médiatique", le résultat n'est pas évident. Tout va bien en Tunisie comme vous le savez. Yezzi fock ("assez" en tunisien) crie le site, et Fuck Yezzi répond sans doute le système...

Ai-je raison d'être aussi pessimiste ? Je veux bien des arguments pour être convaincu du contraire, convaincu de ce qu’Internet peut, de fait, influencer le cours des choses (je ne parle même pas de le changer)…