dimanche, octobre 08, 2006

Monde arabe et fracture numérique


Quelques mots sur un article dans Al-Hayat (numéro du 24 septembre dernier). C'est à propos d'une étude publiée par une des officines spécialisées dans la question des TIC, et des statistiques/études de marché sur la question dans le monde arabe, à savoir le Madar Economy Research on the Middle-East : www.madarresearch.com.

D'après leurs travaux, qui portent sur 18 Etats (manquent la Somalie, la Mauritanie, Djibouti et les Iles Comores, membres de la Ligue arabe comme vous vous en souvenez !...),le nombre des internautes dans le monde arabe a cru l'année dernière de pas moins de 9 millions. Ils seraient aujourd'hui 26,3 millions, soit une croissance de 55 % l'année dernière (pour une moyenne de 18 % de croissance pour l'ensemble du réseau mondial).

Au total, on aurait sur l'ensemble de la région arabe une moyenne de 8,5 % d'utilisateurs d'internet (au lieu de 5,36 % en 2004). Dans certains pays arabes, les plus mal lotis, la croissance en question est carrément de 100 % (c'est vrai que c'est plus facile quand on part de très bas !!!) Pour les 5 années à venir, Madar attend une coirssance toujours aussi forte, mais prévoit ensuite une pause.

Derrière ces chiffres qui ne sont pas si mauvais, le résultat de politiques gouvernementales, en particulier dans le secteur de l'éducation. Les pays les mieux placés sont toujours les mêmes : Les Emirats, Bahreïn, Qatar. Naturellement, comme le rappelle le directeur de Madar, 'Abd al-Qâdir al-Kamli, la situation des Etats de la région est très contrastée... Dans le Golfe on est partout au haut-débit, quand on est resté, dans certains pays (on se sent concerné à Beyrouth ?), à la quasi-préhistoire du Net !!!

Il met également en garde, et cela c'est plus neuf, contre l'élargissement d'une fracture numérique interarabe, en recommandant aux gouvernements concernés de déployer les efforts nécessaires :
"Je ne voudrais pas paraître pessimiste mais la situation n'est pas bonne quand on sait que sur 15 personnes il n'y a qu'un internaute, dans 12 Etats arabes qui ne sont pas membres du Conseil de coopération du Golfe."

Je ne retrouve pas l'article sur le site du Hayat, mais une copie est lisible, sur un site pas très bien vu dans la région (suivez mon regard)...

vendredi, septembre 22, 2006

Islam online et Ramadan Cool


Beaucoup de "franglais" dans ce titre, mais c'est bien dans le ton de ce dont je veux parler aujourd'hui. A l'approche de Ramadan, le quotiden Al-Hayat, dans la rubrique science s'il vous plaît, mentionne un fait qui mérite notre attention.

L'information concerne le site bien connu www.islam-online.net (ou encore www.islamonline.net). Classé selon www.alexa.com en 901e position des sites dans le monde, et à la 27e place des sites en arabe (par parenthèse, www.aljazeera.net est en 4e), Islam-online est proche des cercles de l'opposition religieuse égyptienne ("l'islamisme", l'islma politique", quoi !). C'est un site "religieux" a priori donc, on y trouve de fait des fatwas de Qardawi par exemple (sur ces questions, je vous renvoie à notre spécialiste, Ermete), mais il s'ouvre comme un site d'information, plutôt bien fait, régulièrement mis à jour, avec un énorme public (pour la question du mélange religion et politique, le spécialiste, c'est Jean-Pierre !)

A en croire l'article, Islam-online s'est récemment associé à la campagne contre le tabagisme menée par l'Organisation mondiale de la santé. Une nouvelle rubrique existe donc désormais (elle n'est pas si facile à trouver), qui utilise un langage martial pour inciter les fumeurs à abandonner leur vice ! En cette période de mobilisation pour les bonnes causes que doit être Ramadan, quitter la cigarette c'est contribuer à une lutte plus vaste, par exemple pour ceux qui sont privés de leurs droits (dans le genre : "Laisse tomber la cigarette pour nourrir les Palestiniens !")

L'islam (en ligne) est moderne comme tout. Il y a dans la campagne de ce site de premier plan dans le monde arabe des slogans-qui-tuent, des titres accrocheurs : "Ne me tue pas avec ton clop ! Connais ton ennemi !" Des parties interactives aussi, dans le genre "Journal d'un fumeur qui quitte la clope..."

Mais il y a aussi des prolongements "dans la vie réelle" avec des réunion sur le terrain où l'on rencontre les jeunes fumeurs pour les remettre dans le droit chemin. Cela ressemble furieusement aux techniques déjà mises en place par le prédicateur "soft" Amr Khaled (www.amrkhaled.com, classé au 780e rang par Alexa) et sur lesquelles Ermete travaille (s'il lit le texte, il peut réagir et donner le lien).

Outre les commentaires que l'on peut faire sur cet islam chic de choc (principale source en français, ce qu'a récemment publié Patrick Haenni sur le sujet sous le titre L'islam de marché), je note pour ceux qui s'intéressent aux TIC (technologies de l'info. et de la comm.) deux choses :
  • Cette campagne est un indice de plus de la place prise par internet dans la vie quotidienne arabe actuelle, et singulièrement auprès de la jeunesse (tant pis s'il y en a qui s'obstinent à dire que le monde arabe est un "désert numérique").
  • Pour gagner en efficacité, ces campagnes s'accompagnent de prolongements, non plus virtuels, mais parfaitement concrets, sur le terrain (une leçon que les experts locaux en communication politique et en mobilisation ont dû certainmenet tirer déjà).
Dommage pour les USA qui dépensent des fortunes en propagande médiatique (télés, radios, journaux, sites...) mais qui sont justement totalement incapables de relayer ces efforts dans la réalité non-électronique, qui sont "zéro" sur le terrain.
Mauvais jeu de mots : cela fait Ground Zero dans la langue d'Oncle Sam !

Deux remarques pour finir :
  1. Mis à part le fait qu'Alexa n'est pas crédible, quelqu'un a-t-il une explication au fait que Islamonline.net soit chez Alexa 901e (et 27e site arabe), tandis que Amrkhaled.com est 780e mais apparemment pas classé dans les sites en langue arabe ???!!!
  2. Je signale que je me lance dans un autre blog, moins TIC et plus "culture politique"...

mardi, septembre 12, 2006

Le 11 septembre n'a pas eu lieu :


On n'échappe pas aux anniversaires...

Le 11 septembre n'a pas eu lieu, donc, au sens où l'expliquait Baudrillard (Galilée, 1991) et c'est l'occasion de revenir sur cette notion de "virtualisme", à grand renfort d'arguments et de citations tirés du site déjà rubriqué et chaudement recommandé, à savoir www.dedefensa.org. Mais avant cela il s'agit d'abord de prendre conscience d'un fait qui, comme La lettre volée d'Edgar Allan Poe nous échappe par son évidence même, à savoir la présence, et même la puissance d'internet comme support d'information.

Parmi toutes les choses passionnantes que l'on trouve, un article sur LA question du l'heure, le cinquième anniversaire du fameux 11 septembre, etc. etc. Visiblement, l'auteur partage avec beaucoup d'autres (moi y compris) nombre de doutes sur ce que l'on a bien voulu nous raconter, ce qui fait sans doute de nous, selon les médias ordianaires, d'abominables attardés croyant encore à la "théorie du complot". Mais la leçon qu'il tire des célébrations enlacrymées qu'on nous impose (avec sortie de film fort à propos), c'est le pouvoir, désormais manifeste d'internet. (Je le cite, il parle très bien pour lui-même :)

Au contraire de ce qui précède [= l'effondrement de la crédibilité de l'information officielle] et qui lui est précisément lié, [on mesure donc] le jaillissement extraordinaire de l’influence de l’information circulant sur Internet. C’est par ce canal exclusivement que la contestation de la thèse officielle a survécu sous les cendres du WTC, puis a repris du feu, puis s’est répandue. Il s’agit certes d’un événement extraordinaire. Dans un combat titanesque depuis le 11 septembre 2001, les réseaux individuels et dissidents ont finalement imposé aux réseaux officiels la nécessité d’accepter la mise en question de la thèse officielle. On ne discute pas du tout ici de la validité de telle ou telle thèse complotiste, de la validité même de l’idée de complot, mais de l’acceptation implicite par les réseaux officiels, qui ont tenu pendant longtemps la thèse officielle comme une réalité objective et intangible, que l’événement pouvait être désormais sujet à une interprétation relative.

Au-delà de ce premier constat, ce que l'on célèbre, c'est donc le "5e anniversaire de l'avènement de l'installation officielle du virtualisme", c'est-à-dire de l'idéologie paranoïde (excusez-moi je reviens d'un séjour en Catalogne et j'ai Dali dans la tête, lequel est fort utile pour comprendre cette notion de virtualisme, tout comme une bonne partie de l'art "moderne" d'ailleurs) qui a pour fin première de substituer à la bonne vieille réalité empirique une autre réalité, tout aussi efficace, mais construite sur les techniques du virtuel.

En tout cas, voilà comment je lis, moi, cette notion de "virtualisme" en me disant qu'il vaudrait la peine de savoir comment l'associer à ce que nous connaissons mieux, sans bien le connaître, à savoir le virtuel d'internet (et aussi, ce qui est plus facile, les virtualités de la Toile).

Quelques remarques sur ce que je viens d'écrire pour replacer toute la chose dans notre petit contexte :
- au Proche-Orient, les théories du complot, on connaît ! Que l'idée gagne, et se généralise, signifie quoi ? Que l'épidémie gagne aussi ? Ou la gangrène ?...
- au Proche-Orient encore, mais c'est vrai pour pas mal d'endroits qui sont sujets (quel mot!) de l'actualité, on sait depuis longtemps qu'on ne sait que ce qu'on veut bien nous raconter : l'expérience est assez facile à faire

Quant à la photo, je l'ai tiré d'un blog où l"auteur explique qu'il l'a lui-même piquée (et recomposée) sur un site qui a pour particularité de remettre en cause la réalité de l'attentat (souligné par l'auteur, Dominique Autié) : ça ne s'invente pas !

dimanche, septembre 03, 2006

"guerre de quatrième génération" et TIC

L'image n'a pas une super résolution mais elle est suffisante pour deviner ce qu'il faut comprendre lorsque Le Monde propose un dossier sur "Terrorisme et Internet" !!! (Accessible pour les abonnés, ou bien dans l'édition papier mais je ne l'achète plus - et je ne suis pas le seul à en croire ce papier de elaph.com qui reprend une étude anglaise.

Réflexion commune, toutes tendances politiques et tous profils sociaux confondus, de la plupart de ceux que je croise "ici" et qui viennent de "là-bas" (pas forcément l'Axe du mal mais au moins des pays pas casher...) : le fossé entre ce que disent "nos" médias et les "leurs" est devenu quasiment incommensurable. (A l'heure de la communication instantanée, il devient urgent de comprendre que les blocages et les noeuds dans la communication ne sont pas seulement techniques.)

Je continue dans la tournée des sites spécialisés dans l'analyse stratégique évoqués lors d'un précédent billet , et il me faut absolument mentionner une autre adresse, en provenance de Belgique, celle du site Dedefensa.org

Plusieurs raisons à cela :

1) Le site constitue une excellente illustration du passage de la pressse écrite à internet. Si vous allez sur la page du site en question et que vous allez voir du côté de "à propos", vous lirez un texte qui reprend l'historique de ce qui fut d'abord une "news-letter" spécialisée, en français et en anglais, et qui se poursuivit, sans vraiment y réfléchir comme un site internet. Sauf que le nouveau-né a grandi à toute vitesse et qu'il a pris visiblement toute la place ! Comme ils l'écrivent :
Le site fut d’abord une extension des publications papier, un complément mineur, une variation mezzo voce sur le thème, sans prétentions ni ambitions. Quelques années ont changé tout cela, sans préméditation, sans “stratégie”, sans “plan de carrière”.
Et aujourd'hui, ils en sont à plus de 100 000 visites par mois !

2) Une des raisons de ce succès, c'est qu'ils sont bons (en tout cas, c'est ce que je pense !) Il y a une foule d'articles passionnants sur ce site. Sur la "guerre de juillet", dite encore "guerre des trente-trois jours", j'ai recommande en particulier :
- un remarquable papier intitulé ”La grande histoire est plus simple que nos petits experts, dans lequel l'auteur parle du "virtualisme" (le terme nous intéresse) de la stratégie de l'armée israélienne, virtualisme qui vient quelque part de retrouver la rude réalité.

On y lit également que les israléiens faisaient plus confiance aux propos de Nasrallah qu'à ceux de leurs sinistres ministres (http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=3117). Mais ça, dans le secteur concerné, on s'en doutait déjà ! (Cela dit, vous l'avez lu souvent ailleurs ?)

Il y en a comme cela pas mal, je vous laisse le plaisir de la découverte, selon vos propres choix.

3) Troisième et ultime (pour le moment) raison de vous parler de ce site, il vous parle, bien mieux que je n'aurais su le faire, de ce qu'il faut comprendre sous l'appellation de G4G (guerre de quatrième génération).

Là encore, c'est tout simplement passionnant, et cela exprime ce que j'avais (mal) dégrossi en parlant de réseaux, de guerre d'un type nouveau, etc. dans le précédent billet déjà cité au-dessus. Je ne peux que vous recommander la lecture de ces réflexions qui recoupent, j'en suis persuadé, les nôtres, dans notre petit business de TIC (le "virtualisme" mentionné plus haut en est bien le signe).

En fait, je n'en ai pas encore fini (mais cette dernière raison, je jure sur tout ce que vous voudrez que je ne la connaissais pas quand j'ai découvert ce site et décidé de lui consacrer un billet) : ils ont besoin d'argent et acceptent toutes les donations généreuses !!! Peut-être avez-vous un général fortuné dans vos relations ?

jeudi, août 24, 2006

Réseaux : guerre et cyberspace (bis)


"Guerre de juillet" donc, puisqu'il paraît que c'est le nom qu'on lui donne...
Dans un précédent billet , je parlais de la mobilisation d'internautes par les autorités israéliennes. A cette occasion, j'évoquais différentes techniques connexes utilisées durant ce conflit, telles que le piratage des canaux satellitaires d'Al-Manar, ou encore l'envoi de SMS.

Pour ceux que le sujet intéresse, je signale l'existence du site http://www.infowar-monitor.net/index.php. Lancé par le "Cambridge Programme for Security in International Society and The Citizen Lab.", le site propose en ligne une documentation extrêmement complète me semble-t-il de tout ce qui touche, de près ou de loin, aux usages stratégiques (au sens premier du terme) de l'information et de ses technologies actuelles. (Enfin, tout est en anglais, rien dans les autres langues, ce qui laisse tout de même songeur....) On y trouve un particulier un article qui complète ce que je signalais dans le billet précédent à propos de "mégaphone". Cela a dû marcher car, à en croire l'article, on a pu ainsi obtenir 400 votes en 15 minutes...

A feuilleter rapidement ce qui est mis en ligne sur le site InfoWar, on découvre toutes sortes d'histoires assez remarquables. Par exemple, que les soldats israéliens, lors de barrages érigés tout exprès pour cela, cassent la gueule des jeunes Palestiniens qui ont déchargé la tronche de Nasrallah pour la mettre en fond d'écran de leur portable !

Certaines "anecdotes" sont bien instructives sur ce qui s'est passé au sud du Liban et dans les environs immédiats récemment. Apparemment, le Hezbollah n'est pas le dernier à savoir utiliser les médias, les images, les flux d'infos. Dommage pour les Israéliens qui ont perdu leur monopole en la matière.

Je propose à vos méditations cette citation, trouvée dans le site en question, due à John Arquila, distingué professeur d'Analyse de défense ("defense analysis" : je ne savais pas que c'était aussi structuré que cela la polémologie !) dans une école militaire américaine (la "Naval Postgraduate School") :
"We are now into the first great war between nations and networks. This proves the growing strength of networks as a threat to American national security."

Je ne sais pas si c'est en ces termes que je le dirais, mais cela me fait furieusement penser à une réflexion d'un officier israélien, lue sur un site dont je n'ai pas réussi à retrouver la trace, disant en substance qu'Israël avait fait l'erreur de rechercher une confrontation frontale sur le terrain du Hezbollah et qu'il allait devoir apprendre à mener une "guerre de réseaux", s'il ne voulait pas continuer à "remporter des victoires" aussi brillantes que la dernière. (Réflexion qui n'annonce malheureusement rien de bon pour ceux qui se trouveront dans les parages de la dite "guerre de réseaux" dans les temps à venir...)

Revenons à nos classiques, à savoir le cher Castels : "Si nous ne nous occupons pas des réseaux, les réseaux, eux, s'occuperont de nous. Qui veut vivre en société à cette époque et en ce lieu sera nécessairement confronté à la société en réseau. Car nous sommes bel et bien entrés dans la galaxie Internet."

jeudi, août 17, 2006

Guerre du Liban, blogs, journalisme citoyen...

Une évolution personnelle, dont je suppose qu'elle n'a rien d'original, en tout cas pour les internautes correspondant à mon profil. Evolution (révolution ?) perçue à travers les événements de la dernière guerre du Liban ("guerre" ? Est-elle "finie" celle-là ? Expérience amusante, qu'on peut facilement faire grâce à internet d'ailleurs : prenez le temps de relire les titres de la presse et regardez à quel moment on est passé insensiblement "d'incidents à la frontière" à "crise", puis, enfin, "guerre").

Pour
quelqu'un de ma génération donc, élévé aux médias traditionnels, cette guerre a marqué définitivement le passage à l'internet comme source principale d'information. Au détriments des autres, délaissés, et même, pour plus d'un journal, volontairement boycottés tellement c'est nul.

Différentes raisons à ce passage à l'internet, voué naturellement à s'intensifier toujours davantage et qui passera peut-être totalement inapperçu pour des usagers plus jeunes :
- vu de France, les différents médias sont tellement pro-sionistes en général qu'on cherche naturellement autre chose
- en France mais en province (en "région" comme on dit poliment), le décalage de la presse écrite, l'inexistence de la presse arabe (y compris audio), la nullité des médias en français, incitent aussi à passer au net
- en plus je n'ai pas d'antenne satellite sinon j'imagine que j'aurais un abonnement à un canal satellitaire arabe quelconque et peut-être serais-je moins sur mon petit écrin d'ordi que sur le petit écran maudit...

D'autres raisons, positives cette fois :
1) Tous ces médias ou presque se retrouvent, en temps réel ou presque, sur le net. Il faut bien sûr apprendre à la trouver, mais ce n'est rien d'autre qu'un apprentissage ordinaire en fait.
2) Et en plus les efforts sont très largement récompensés. Par la diversité des infos qu'on peut avoir (je confesse ainsi avoir régulièrement zappé sur le jpost et Haaretz même si, au début, ça fait drôle...) et par le caractère inédit et/ou ""en avance" des infos qu'on arrive à avoir, en particulier, voire surtout, par tout ce qui vient et/ou est traité par des sources et canaux qui relevent de ce qu'on appelle le "journalisme citoyen" (cf. ce qu'en raconte Pisani dans son blof par exemple à cette page http://pisani.blog.lemonde.fr/pisani/2006/05/blogueurs_et_jo.html).
3) Il faut aussi y ajouter je crois le rapport particulier que créé le "fil internet" qui créé, et je crois que c'est rarement souligné, une relation spéciale, intime, "chaude" comme dirait McLuhan (cherchez la référence, je ne l'ai plus en tête). En écrivant ce billet, je pense à une conversation au téléphone, hier, avec une amie au Liban : en dépit du plaisir du téléphone, elle me disait combien ils appréciaient, bloqués, les courriels de sympathie, d'encouragement, etc., "peut-être plus que le téléphone" ! Une remarque qu'on trouve également sur le blog de Stéphane cité ci-dessous. Je crois que cela vaut aussi pour les usagers d'internet de ce côté-ci de la frontière physique des conflits. Je me rends compte que l'écran internet est bien plus "intime" qu'on ne le penserait au départ...

Pour s'informer sur la Toile, pour se servir de la Toile tout simplement, tout le monde développe des stratégies de lecture qui sont autant de parcours à travers les sites, de lien en lien éventuellement, au gré des associations.

Cette chose bizare n'est en fait que l'équivalent des choix de lecture dans la masse des titres disponibles en kiosque par exemple, ou parmi les canaux ouvrables par la zapette de la télé, mais également à travers les signes (caractères écrits ou photogrammes) des infos dont on s'efforce de "prendre connaissance" (belle expression en français si on y pense, la connaissance s'avouant "possession" - sans doute inévitablement manquée dirqit le philosophe - de l'objet désiré).

Il n'est donc que justice de mentionner ici, à ce moment du conflit, cette adresse (obtenue grâce à Armelle je crois) :
http://www.libnanews.com/

Et puis, comme on dit dans Charlie Hebdo auquel par le ton il ressemble parfois, rubrique "spécial copinage" maintenant : je ne peux que vous renvoyer au journaliste-citoyen webmestre, oelle-supporteur et ami de Stéphane, sommé, devant le monde entier, de nous parler de son expérience dans ces pages s'il le veut bien tout de même : http://stefanbazan.com/blog/ (J'aime beaucoup sa chronique du 13e jour que je vous recommande chaudement.)

dimanche, août 13, 2006

Mégaphone : la guerre du Liban et le cyberespace


(Fallait-il reprendre ces billets, comme si de rien n'était, comme si, après plusieurs semaines de guerre - en admettant que j'ai raison de penser que celle-ci se termine bientôt - il était possible de reprendre la vie ordinaire, en oubliant les horreurs des jours passés ? Je n'en sais rien. Je prends cette décision, pas forcément convaincu que ce type de travail a grand sens, mais en me disant aussi que continuer est une façon de résister. Peut-être est-ce une manière de me donner bonne conscience à pas cher...)

La presse a consacré quelques articles à la manière dont les combats de la nouvelle guerre du Liban ont eu pour cadre les nouveaux médias : piratage de fréquences télévision (celle du Manar, par Israël), utilisation de listes d'abonnés téléphoniques (des deux côtés semble-t-il) pour l'envoi de SMS démoralisants, déstabilisants, etc. Du côté d'internet, piratage et blocage de sites, selon des modalités désormais bien connues.

Quelques remarques rapides sur ce dernier point en passant :
- Le cyberespace répond, apparemment, aux règles classiques de la stratégie et s'avère être un domaine où il est possible de mener des guerres assymétriques (Israël est sans nul doute en avance par rapport au monde arabe dans le domaine des TIC mais, en potentiel de nuisance, cette différence n'a pas l'air de jouer vraiment). Cela dit, à part les nuisances techniques que cela entraîne pour les gens concernés, pas de quoi fouetter un chat me semble-t-il... Je subodore que le piratage vénal d'Internet a beaucoup, beaucoup plus d'importance...
- Les théorisations utopiques à propos d'un cyberespace idéal au sein duquel il n'y aurait plus de conflits ni de luttes d'intérêts mais juste des flux d'informations éthérés de frères en cybercratie continuent à avoir cours : on nous a ressorti (personnellement, cela me fait de plus en plus rire jaune) les magnifiques dialogues de part et d'autre de la ligne de front entre blogers qui, au-delà des bombes, arrivent encore à dialoguer. (Cela peut remplir quelques lignes de journaux et aider à faire quelques rêves mais je doute de la traduction concrète de ces échanges...)
- Une fois de plus, on doit constater que le cyberespace est régi par des règles physiques qu'il faudrait tout de même prendre en compte. Les internautes libanais ne sont pas loin, au jour où j'écris ce billet, d'avoir de plus en plus de problèmes pour se connecter, mais, en même temps, ils ont toujours pu continuer à le faire... En revanche, en dépit d'un certain nombre de tentatives, je n'ai jamais réussi à me connecter de Franced au(x) site(s) d'al-Manar...

En définitive, je me demande si les véritables enjeux ne sont pas ailleurs. Et, les Israéliens l'ont peut-être compris avant les autres. Je m'explique. Internet s'inscrit dans un espace médiatique, dans un système de communication. Il ne révolutionne rien, il modifie des rapports de force, des flux, infléchit des logiques préexistantes. A ce titre, il doit, comme les autres médias, être surveillé, capté, monitoré... L'énergie qu'il véhicule et qu'il contribue à renforcer doit être canalisée et orientée au profit d'objectifs précis, par exemple vis-à-vis de la constitution d'une opinion publique.

Telle est le sens de l'initiative lancée par le Département des affaires publiques du ministère des Affaires étrangères israélien "à la faveur" du dernier conflit. Sous le nom de "mégaphone", il s'agit de recruter un maximum d'internautes partisans (100 000 dans l'idéal) et de les mobiliser pour intervenir dans le cyberespace au profit des positions israéliennes. La nouveauté, c'est qu'un logiciel a été conçu à cet effet pour rationaliser et optimiser la mobilisation des volontaires. Comme le dit la page d'accueil (en français, il y en a une aussi en anglais, en plus de l'hébreu) du site www.giyus.org (giyus veut dire, semble-t-il "mobilisation" en hébreu) : "Les conflits d'aujourd'hui sont gagnés par l'opinion publique. Le temps de l'action est venu. Faites entendre au monde le côté d'Israël." (Vous noterez combien la francophonie est menacée !!! pas terrible la traduction... C'est visiblement écrit en anglais d'abord : Today's conflicts are won by public opinion. Now is the time to be active and voice Israel's side to the world.)

On propose donc aux volontaires de décharger le logiciel de façon à intervenir efficacement dans le cyberespace lorsqu'il y a des articles et/ou des sondages concernant Israêl. Risquons un peu d'humour (pas très facile en ce moment) : Israël renoue enfin avec la (prétendue) fibre révolutionnaire de ses pionniers. Lisez ce slogan, tout droit sorti de l'imagination d'un communicant américano-israélien de la cybervallée israélienne (pas loin de Haïfa, n'est-ce pas ?...) : "Ensemble nous pouvons faire la différence." (Together, we can make a difference.)

Et quand on clique sur le mot différence, ce dimanche 13 août, on est invité à signer différents sondages pour expliquer au monde que la résolution 1701 est bonne pour Israël...
Parce que ce n'était pas évident ???...

mardi, juin 27, 2006

Le soleil se lève à l'Est : les Emirats, La Mekke des TIC arabes












Grace à un agrégateur de blogs assez utile sur la Syrie, http://syplanet.com, je suis tombé sur le billet (c'est plus joli que le mot "post") d'un Syrien installé à Dubaï, Mr Hazem Al Mousli(http://almousli.blogspot.com/2006/06/blog-post_26.html).

On y apprend que le ministre syrien des Télécommmunications et de la Technologie, en visite aux Emirats, a signé un important accord pour la mise en place en Syrie d'un "gouvernement électronique". (Oui, Christophe, l'expression mériterait d'être mieux définie ; ici, il faut apparemment l'entendre, comme tu le proposais, au sens d'administration électronique.)

La nouvelle n'a rien d'extraordinaire. Tout de même, elle confirme que l'actuel ministre syrien, pionnier des TIC en Syrie - il a co-fondé la SCS en 1989, vous imaginez comme c'est vieux !!! - et ancien de chez Microsoft - vraiment ancien ? - a l'air de faire du bon travail.

Mais tout de même. Essayons précisément de nous replacer au moment de la "naissance" des TIC, au Moyen-Orient en tout cas, quelque part au début des années 1990 : qui aurait imaginé un jour que les Emirats vendraient du savoir faire informatique à la Syrie !!! Il s'en est passé des choses en 15 ans à peine... (Rappelez-vous, dans les années 1990, il devait y avoir une poignée de types à Qatar qui imaginaient quelque chose qui allait devenir, quelques années plus tard, al-Jazeera...)

Une dernière petite chose pour finir, dans le même esprit. On indique sur le site "elaph.com" (il est toujours inaccessible en Syrie ? Bizarre, parce que vraiment, c'est pas tellement révolutionnaire) que le premier journal financier en ligne arabe devrait être lancé, toujours dans les Emirats, d'ici quelque temps. (par intuition, je subodore d'ailleurs que les gens de Elaph n'y sont pas totalement étrangers...).

Le soleil se lève à l'est, dans le monde arabe également.

jeudi, juin 15, 2006

Un metablog sur les blogs arabes




Bienvenue au club !

Et en plus, il le fait de temps en temps en français ! Mohammed Ibahrine est marocain, et en poste à l'université de Hambourg (donc, en plus de l'arabe,du français et de l'anglais, il doit se débrouiller en allemand j'imagine !) Mais surtout, il anime ce qu'il appelle un "metablog" sur les blogs arabes, autour des questions de communication politique (comme l'indique le sous-titre anglais "arab blogs and political communication"). Allez vite y faire un tour, il y a bien souvent des choses très intéressantes, qui concernent de très très près nos propres préoccupations.

Au gré des dernières rubriques : une recherche bibliographique sur les publications en anglais relatives à nos questions préférées, un truc sur techniques, communications et politique dont j'ai fait l'illustration (a-t-il lu Régis Debray sur la question ?), des notes sur un forum de bloggers à Dubaï, en Egypte, aux Emirats et encore ailleurs, la présentation d'une publication à laquelle il a participé : tout le monde y trouvera son compte !

Cerise sur le gâteau : il passe même une info concernant la condamnation de Muhammad Ghanem, l'animateur de http://www.surion.org (mais là, vous étiez probablement déjà au courant, n'est-ce pas ?)

En tout cas, je voulais absolument vous présenter cette adresse, à glisser dans vos favoris. Quand à Mohamed Ibahrine, j'imagine que nos chemins se croiseront un de ces jours, et pas seulement dans le virtuel. (je lui ai laissé un message pour lui signaler ce billet.)

samedi, juin 03, 2006

Des problemes entre Liban et Syrie ? Uniquement quand il s'agit de politique

Les rues de Damas sont couvert de nouveau panneaux :

La Banque Audi vient de s'installer en Syrie et recommence l'opération faite au Liban : Internet illimité gratuit... enfin si on prends un compte a la Banque Audi avec un dépot minimu, de 5500 LS et des frais de comptes de 550 LS / mois, ce qui correspond environ a 25 heures de connection chez SCS-NET, le fournisseur d'accès internet de la société des informaticiens avec qui ils se sont associés. SCS-NET qui vient d'ailleurs de changer son nom en ALOOLA... la première.

On peut donc avoir des problèmes politique, ça n'empeche pas de faire des affaires ensemble.

vendredi, mai 26, 2006

La Syrie participative : la ligne officielle






Oui, c'est facile de se moquer du graphisme d'enfer des sites officiels syriens !

Vous avez sous les yeux la page d'accueil de souriyya tashâkuriyya, ce que l'on pourrait traduire par "la Syrie participative". Sous un beau slogan "Le citoyen est la boussole qui corrige l'orientation de la nation", il s'agit de permettre à l'internaute local de prendre connaissance des lois et décrets, et surtout de participer à la vie démocratique du pays, pour "une démocratie numérique" et "une critique constructive"...

Vous avez ainsi, à droite, un sondage à propos du projet de loi sur les examens de fin d'études secondaires (correct, pas correct, mériterait d'être corrigé), et des tas de liens vers les différents ministères.

Christophe nous dira sans doute ce qu'il faut en penser, mais il faut reconnaître que la mise en ligne des officiels syriens a tout de la ligne officielle... Tout en ligne, sur un seul rang ! Le regard pas sympa du Président (ils auraient pu trouver une autre photo !), et la main qui tient le stylo (on lit, à l'envers, mais c'est tout de même lisible : "je propose de..."), font plus peur qu'autre chose.

On a aussi l'impression qu'il n'y a pas grand chose à dire sur "La démocratie participative" et que l'important est de la montrer sur la Toile mondiale. Le cadre où sont inscrites les informations est bien vide (voir la première vignette, en haut, les autres sont des aggrandissements du détail au centre. En revanche, l'initiative s'impose au regard grâce au large encadré bleu qui doit vouloir signaler l'audace, l'originalité, la modernité, que sais-je encore, de la démarche !!!

Un site comme celui-ci a le mérite de montrer que nous sommes tout de même à un moment curieux, où, même au regard de la culture politique de la Syrie, que l'on peut qualifier de très particulière (n'est-ce pas ?), s'impose la nécessité de vanter les mérites, et du numérique, et de la participation, et de la démocratie.

Il y a de quoi sourire, certes. Mais je retiens surtout qu'un exemple comme celui-ci tend à conforter l'idée que ces trois termes (démocratie, participation et numérique) vont nécessairement ensemble... C'est sans doute aller un peu vite en besogne, par exemple dans le cas dont on parle ici...

vendredi, mai 19, 2006

visualiser les réseaux un essai avec www.syria-news.com


La réponse (du berger à la bergère), je l'ai eue... tout seul... (décidemment). J'ai trouvé sur mes touches spéciales un bidule qui me permet de faire des captures d'écran, et cela donne le résultat suivant, par exemple, pour un site tel que http://www.syria-news.com/ (sur lequel je vous promets, je sais vous ne vous tenez plus de joie) de vous faire bientôt une petite chronique !

Allez, est-ce que je continue à vous parler encore ?

lundi, mai 08, 2006

Visualiser les réseaux : Touchgraph

Un coup de main de ma fille, qui travaille sur les réseaux, mais en histoire. Elle m'a signalé l'existence d'un outil, TouchGraph , qui permet de visualiser les liens de navigation entre les différents sites.

Si j'ai bien compris, la bête, qui dessine de très jolies figures, se base sur les liens repérés par Google. J'ai essayé cela pour différentes adresses et c'est tout simplement passionnant.

Pratiquement, cela permet de récupérer des adresses dans un champ d'intérêt donné (en arabe, elles ne sont pas toujours visibles mais il suffit de cliquer sur "info", ou encore, dans la barre d'outils, de limiter les infos affichées pour n'avoir que l'adresse IP).

Pour le tester, vous allez sur la page http://www.touchgraph.com/TGGoogleBrowser.html
et vous rentrez une adresse (il est possible que vous ayez à décharger quelque chose le première fois).

Deux questions aux membres du groupe :
1) Je n'ai pas réussi à faire de capture d'écran de ces graphes. Quelqu'un de vous saurait comment s'y prendre ?
2) Apparemment, il y a un autre instrument, assez semblable, mais dans le domaine du logiciel libre. Cela s'appelle TG Wiki Browser : quelqu'un connaît ? Quelqu'un a déjà essayé ?

Allez, ne me laissez pas tout seul dans la blogosphère !

mardi, avril 25, 2006

Internet est un élément majeur de l’essor du fondamentalisme


C'est pas moi qui le dit, ce sont les mukhabarât néerlandais ! Et pour une fois qu'on ne s'en prend pas au fondamentalisme musulman, mais à ses petits frères et soeurs en Asie ! Il s'agit en fait d'une note sur une conférence qui vient de se tenir quelque part à Amsterdam, sur le thème du "cyberfondamentalisme", dans la "cyberpolitique", en "cyberAsie" !

Cela étant, je suis tombé là-dessus, en recherchant des infos sur Howard Rheingold et ses "smart mobs". A propos de cette thèse, développée dans son dernier livre et dont j'avais entendu parler grâce au blog de Francis Pisani. Si vous googellez « smart mobs, y compris sur le blog de Pisani, il y a naturellement d’autres résultats. Par ailleurs, le livre existe en français.) Quant au blog dont je parlais, il est intitulé smart mobs, et il y a des choses parfaitement passionnantes. Une recherche avec « islam » ou « arab » donne des résultats très suggestifs, que je vous suggère d’aller voir par vous-mêmes.

vendredi, avril 21, 2006

Jeunesse syrienne et Internet Cafés : à quoi tu surfes ?





Cette publicité placardée sur un abribus damascène n’est qu’un rêve de publicitaire !!! Visiblement, ce n’est pas le Coran qu’on regarde le plus sur l’ordi. On n’est pas à la maison non plus. Et probablement, on ne porte pas une jolie dashdasha immaculée…
Allez, je suis en verve : si les mains sont croisées sur le ventre, ce n’est pas forcément pour la prière….

Dans le monde arabe comme ailleurs, difficile d’apprécier un peu mieux qu’au « pifomètre » les pratiques des internautes (sans parler, question encore plus compliquée, des effets « concrets » de ces pratiques…) Faute d’un rapport Kinsey dans ce domaine, on peut tout de même se réjouir des éléments apportés par un prof de Tartous, ‘Abd al-Rahmân al-Tayshouri, qui a fait passer un questionnaire auprès d’une centaine étudiants locaux (fac d’éducation, de commerce et d’informatique), usagers des cafés Internet.

Voici les résultats, publiés dans le définitivement très utile All4syria.org.
(édition du 19 avril 2006).

Bonne nouvelle, après tout ce que le pays a connu…, les jeunes syriens sont exactement comme les autres : quand ils ont moins de 20 ans, ou quelque chose de ce genre, ils surfent sur les sites de cul, et chattent et essaient de faire des rencontres !!! Le cadet de leur souci : les sites techniques !

On remarque encore que le sport est bien placé (3e position, décidément, ils sont très normaux ces jeunes !), mais également les sites musulmans, une réalité régionale sans aucun doute.

Le côté sérieux du Net – les infos, les moteurs de recherche, les forums de discussion – viennent en queue de liste. D’une certaine manière, cela permet de penser que les étudiants ont répondu avec franchise au questionnaire qu’on leur a proposé.

Un détail intéressant : 10 % des usagers des cafés Internet (qui paient 2 000 LS en moyenne par mois pour cela, une vraie somme en Syrie) ont AUSSI un compte chez eux. Le café est donc un lieu pour les pratiques individuelles, en rupture avec l’ordre familial…

Ce sont essentiellement des usagers. A peine plus de la moitié d’entre eux (55 %) ont une boîte électronique, dont il apparaît qu’elle sert bien souvent à stocker les précieux dossiers porno !

(Décidément, cette notice ne passera pas la censure de l’USJ !)

mardi, avril 04, 2006

Les nouvelles technologies changent les comportements ? Pas sur

Un point de plus pour confirmer mon hypothese que les nouvelles technologies ne changent pas les comportements, elles les accompagnent et augmente les possibilites dans un sens ou dans un autre :

Un changement de passeport m'a fait passer dans un bureau d'un de ces chefs qui vous signent les papiers (vous savez, quand on croit se trouver dans les douze travaux d'Asterix, version la maison des fous). Les nouvelles technologies rentrent la aussi : des webcams permettent de mieux surveiller ce qui se passe dans les bureaux. Alors la technologie, ca libere ?

dimanche, avril 02, 2006

Internet en Palestine


Interrogé sur Internet en Palestine, Jean-François Legrain, dont vous connaissez le travail notamment à travers la coordination de différents guides-de-la-recherche-sur-le-web, m'a indiqué un nom, celui d’un Ecossais doté de plus d’une corde à son arc (il a également produit un disque si j’ai bien compris !) nommé Nigel Parry. Ce dernier anime différents sites, professionnels et personnels personnel, où l'on trouve des choses intéressantes (j'en ai tiré l'illustration de ce billet

On trouve notamment un journal de ses différents séjours en Palestine. Une simple recherche avec le mot « internet » donne des résultats édifiants. Parry a résidé en Palestine durant une bonne partie des années 1990 et il s’est lancé dans l’aventure Internet à cette époque, en occupant, notamment, les fonctions de responsable des communications de l’université Bir-Zeit (voir l’entretien publié dans Le Monde en 2000).

Dans la page où il évoque la question d’Internet au Proche-Orient, Nigel Parry apporte certaines informations sur son travail et propose des liens pour s’informer sur l’histoire d’Internet en Palestine. Certains ne fonctionnent plus car les sites ne sont plus en ligne (apparemment, Nigel Parry n’était pas toujours dans la bonne ligne politique…). L’ex-gourou de l’Internet palestinien (c’est le nom que la presse a trouvé malin de lui donner) s’en désole car « cela prive la recherche d’un matériel historique qui ne se trouve nulle part ailleurs ». Une réflexion qui n’est pas étrangère à nos propres remarques sur l’absence de mémoire d’Internet, en particulier pour le monde arabe.

Nigel Parry demeure à l’évidence une des personnes ressources sur la question et il ne semble pas bien difficile à joindre : à inviter un jour si nous arrivons à reprendre nos activités d’un bon pied ?

vendredi, mars 24, 2006

Blogs sans frontières : blogs, éducation et politique


Il se passe des choses à Lyon... Si vous suivez le lien proposé http://www.ens-lsh.fr/labo/plumme/prog.htm, vous arriverez ainsi, sur le site de l'ENS (Ecole normale sciences humaines...), aux pages consacrées par le labo ICAR à ses dernières journées d'études.

Leur travail ne nous intéresse pas directement (cela tourne en gros autour de l'utilisation des multimédias pour l'enseignement), mais un petit détour sur leur site n'est pas forcément du temps perdu. On y trouve en particulier (sur PowerPoint) une présentation intéressante du phénomène "blog" et des exemples d'application des méthodes de la critique moderne aux "lectures numériques".

Toujours dans le monde de la blogosphère, je recommande la lecture du "Guide pratique du blogger et du cyberdissident" sur le site de Reporters sans frontières : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=14956

Le point de départ, pour RSF, est le constat que "dans les pays où la censure est reine, lorsque les médias traditionnels vivent à l’ombre du pouvoir, les bloggers sont souvent les seuls véritables journalistes. Ils sont les seuls à publier une information indépendante, quitte à déplaire à leur gouvernement et parfois au risque de leur liberté. Les exemples de bloggers emprisonnés ou harcelés ne manquent pas. L’un des contributeurs à ce guide, Arash Sigarchi, a été condamné à 14 ans de prison pour quelques « posts » critiques du régime iranien. Son témoignage rappelle que certains bloggers conçoivent leur travail comme une nécessité et un devoir, pas comme un simple passe-temps. Ils ont conscience d’être la bouche et les oreilles de milliers d’autres internautes."

C'est peut-être un peu trop "exalté" mais cela parle tout de même pour ceux qui pratiquent la Toile arabe...

Sous forme d'un petit manuel qui fait moins dans la théorie, RSF propose toutes sortes de conseils pratiques pour tirer le maximum de profit de la nouvelle technique. Il y a même des conseils de prudence, et de cyberdissidence, très pratiques...

Et en plus il y a une version en arabe !


Ceux que cette lecture aurait inspirés trouveront certainement profit, pour améliorer leur pratique de ce blog - allez, "sipiens", encore un effort ! - en allant lire l'aide, en français, de blogger : http://help.blogger.com

jeudi, mars 16, 2006

Les dernières nouvelles de l'Internet en Syrie

Un petit point d'un utilisateur d'internet en Syrie pour qu'Yves ne soit pas le seul à écrire

D'abord la multiplication des fournisseurs d'accès
En plus de STE (le ministère des télécommunications), SCS (la Syrian computer society pas vraiment privée dans ses statuts mais ayant un mode de marketing privé), AYA se présente comme "le premier fournisseur privé de Syrie" est apparu au dernier trimestre 2005 et maintenant CEC-SY. Il serait interressant de savoir s'il s'agit d'une vrai concurrence ou de la même chose que pour le téléphone portable. En tout cas cette "fausse concurrence" fait baisser les prix alors que la "vrai" concurrence au Liban abouti au téléphone parmis les plus cher au monde.
Les grands avantages : L'accés simplifie a Internet. Plus de limitation aux docteurs d'université pour SCS. On se procure une connection internet simplement en présentant une carte d'identité ou un passeport. Les prix ont diminués, meme s'ils restent cher par rapport aux revenus. L'heure d'internet est a 25 LS. Les Internets Cafe ont fleuris dans les quartiers populaires et ont souvent des lignes a haut debit.

Pour l'instant seul STE a le monopole de l'accés ADSL mais les autres fournisseurs d'accès sont sur les starting blocks.

J'ai fait les essais chez STE (le plus restrictif des fournisseurs), blogger.com est accessible bien qu'ils aient récemment bloqués d'autres services (POP3 par exemple qui permet de récuperer son courrier sur des serveurs autres que ceux de STE). Il m'a été impossible de savoir si ce nouveau blocage est une décision politique ou un problème technique.
L'impossibilite d'avouer qu'on ne sait pas faire se transforme souvent en decision voulue vis a vis de l'exterieur.

L'embargo americain bloque particulierement les monde des TIC en Syrie. Il faut le contourner pour obtenir du materiel et des licences. La aussi c'est un paradoxe : si on dit qu'Internet favorise la democratie, pourquoi bloquer sa diffusion en interdisant la diffusion des technologies qui permettent de le mettre en place.

Sinon la politique syrienne est encore de diffuser l'informatique. la SCS en 2005 proposait des ordinateurs à crédit qui permettait à des personnes gagnant de petits salaires de s'equiper en ordinateur. Je trouvais l'autre jour un chiffre de 4,5 % de diffusion de l'internet fournis pas Arab Advisor, mais sans precision de date. Hors dans la Syrie actuellement tout bouge très vite. Bien sur, Damas n'est pas la Syrie. Mais je pense que rares sont ceux de la génération des 15 - 25 ans de Damas et d'Alep qui n'ont pas un téléphone portable. S'ils n'ont pas d'ordinateurs chez eux, ils fréquentent les internets cafès et ont généralement une adresse e-mail.

Les gens des quartiers populaires qui regardaient avant le 14/02/2005 les televisions libanaises ont maintenant la television digitale. Pour 7000 LS vous avez la connection a Hotbird, NileSat... c'est a la portée de beaucoup quand on gére son argent avec le système des tontines.

vendredi, mars 10, 2006

De "Yezzi fock" à "Fuck Yezzi" !


L'imagette ci-dessus est tirée du site www.yezzi.org, "une première dans le domaine des manifestations virtuelle dans le monde arabe" pour parler comme Faysal al-Qasim sur Al-Jazeera (il a consacré une émission au sujet à l’époque, et le texte de l'émission est encore disponible sur le site de la chaîne :
www.aljazeera.net/Channel/aspx/print.htm)

Le mieux est encore de laisser les organisateurs du site présenter eux-mêmes leur projet :

حرماننا من حق التظاهر السلمي داخل الفضاءات العمومية التونسية أجبرنا على اللجوء إلى فضاء الأنترنت قصد تنظيم مظاهرة نعبر فيها عن سخطنا من النظام القمعي في تونس
« A défaut de pouvoir manifester physiquement au sein des espaces publics tunisiens, nous mettons à profit le Web pour tenir une manifestation permanente afin d'exprimer notre ras-le-bol à l'égard du régime dictatorial tunisien. »
L’expérience de ce site officiellement enregistré à Tunis a duré deux mois environ. La dernière mise à jour a été faite le 20 novembre à en croire le http://www.whois.net/
- vous connaissez « la méthode à Ermete », pas besoin de vous faire un dessin !

Dans les faits, ceux qui le souhaitaient pouvaient faire parvenir une photo (le résultat est parfois assez sympa à regarder, il y a de l'imagination) en guise de participation à cette manifestation virtuelle... Les gens signaient ou non, montraient leur visage ou non…

Le graphique de fréquentation donné par http://www.alexa.com/ (je renonce à le montrer, il ne sera pas visible) fait apparaître un pic à la fin de la première semaine d’octobre, entre 15 et 20 millions de connections par jour, avec une descente en dents de scie par la suite.

Comme le souligne la page d'accueil, signée par ce qui ressemble à une sorte de collectif d'acteurs tunisiens sur le Net, il n'aura fallu que 18 heures au pays organisateur de l'Immense Débat sur l'Information et les Ordinateurs Transnationaux (l'acronyme donne "IDIOT") pour bloquer le site en Tunisie... Peine perdue, yezzi a fait partie de ces initiatives que les "médias traditionnels" ont choisi de relayer. Ci-dessous, la liste des références qui figurent à la rubrique "yezzi dans les médias" :

Aljazeera Arabic Channel Sat CNN Arabic section Le nouvel Observateur Le JT de TV5 du 16 novembre 2005 Radio Monte Carlo "Bourdin & Co" Avui (Diari - Spain) Libération.fr Penne Digitali Politicsonline.com Global Voices Online Pour une Alliance socialiste AgoraVox, le "journalisme citoyen" U.S. Newswire Carta (Cantieri Sociali) D-La Repubblica delle Donne Alternatives Canada Online Reports.ch Adnkronos International Le Courrier de Casablanca Tunisnews.net RéSo Association Samizdat Havard Law School Digital Divide Network Icann Watch Indymedia UK Declan McCullagh - CNET News Al Bawaba Libya-Almostakbal.com c4arab.com Bluewin Magazine Newswatch.in Collectif Bellaciao Alwatanvoice.com IFEX Planète Non Violence InterActivist Info Exchange Nawaat.org Reveiltunisien.org Tunezine.com Andy Carvin's Waste of Bandwidth Hacktivist News Service Libertarian Kids Blogger.Xs4all.nl Hchicha’s Blog Free2Innovate.net Blogrel Bahrainblogs.com Farfesh.com Awakening a Civil Rights Movement in the Middle East Awakening a Civil Rights Movement in the Middle Eas Blogsocial viabloga zeitgeist Information Safety and Freedom Toblog Glutter.org Islamonline.net Congrès Pour la République Parti Démocrate Progressiste Nahdha Alhiwar.net Elkhadra.org Rebecca MacKinnon Blog Storm-petrel Blog Neila Charchour Hachicha Blog Sabbah Blog Ndesanjo Macha Blog The Moor Next Door

Pas mal tout de même ! Et il y a dû y en avoir encore par la suite. Cela rejoint un des éléments du débat sur Al-Jazeera à ce sujet : le relais des autres médias est, au moins aujourd’hui encore, essentiel…

Cela dit, quelques mois après, le constat peut aussi être cruel : mis à part un petit "soufflé journalistico-médiatique", le résultat n'est pas évident. Tout va bien en Tunisie comme vous le savez. Yezzi fock ("assez" en tunisien) crie le site, et Fuck Yezzi répond sans doute le système...

Ai-je raison d'être aussi pessimiste ? Je veux bien des arguments pour être convaincu du contraire, convaincu de ce qu’Internet peut, de fait, influencer le cours des choses (je ne parle même pas de le changer)…

lundi, février 27, 2006

Blogons ensemble !











Pour voir l'original (pas génial, il y a des choses plus drôles sur les autres pages), allez voir http://syriandomari.blogspot.com

Une fois de plus, Francis Pisani et son blog «senior» (c’est une catégorie dont lui-même s’amuse en citant l’article du Monde http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-743558,0.html
où il se trouve cité ) apportent des infos, et donnent des idées…
Dans un récent billet (amusant d’ailleurs de constater que ce terme va revenir à la mode grâce au phénomène blog), il glane les infos suivantes : 29 millions de blogs sur la Toile, un nouveau blog chaque seconde ! Mais également, il semblerait que la moitié des blogs en question soit encore actifs trois mois après leur création, et seulement 1 blog sur 10 serait mis à jour au moins une fois par semaine… Vous voyez qu’il faut persévérer !
Et sur les mudawwanât ( مدونات le terme arabe, il fait son chemin, c'est un signe), je veux dire les blogs du monde arabe, qu’est-ce que l’on sait ? Comme toujours, le verre est à moitié vide, ou plein. A l’évidence, ça ne bouge pas autant dans la région qu’ailleurs sur la Toile, dans ce domaine également. Mais en même temps, il y a des choses qui se passent, et ça a peut-être plus d’importance qu’ailleurs…
Ermete m’a signalé (à partir d’un blog, bien entendu, http://www.damasceneblog.com/the_damascene_blog)
une info intéressante, selon laquelle des responsables syriens commencent à trouver que cela s’agite beaucoup sur ce secteur de l’univers numérique. Il paraîtraît (ça n'a pas l'air très évident quand on va voir l'adresse en question) que ce serait à cause du blog mis en illustration, à savoir le "syrian domari", qui reprend le nom d'un journal de caricatures, qui a connu bien des soucis.

Il paraitrait ainsi que "blogger.com" serait désormais bloqué en Syrie : quelqu'un peut confirmer ? (ouais, peut-être pas très évident si on me lit en Syrie justement !) L'info a de l'importance à mon avis...

(A propos, Ermete, cet article, tu nous en fais partager ?)

lundi, février 20, 2006

Soyez artistiquement corrects

Je conseille à toutes les personnes intéressées à observer le web selon une approche intelligente et orientée utilisateur de regarder ce site.

www.designinteractif.net

Très utile pour une approche sémiologique des sites.

Stef

samedi, février 18, 2006

Le Net et "La Vie"

Dans un message précédent, je faisais allusion au rôle joué par les TIC dans la circulation, parfois effrénée, des "messages". (Il faudrait utiliser un autre mot sans doute... Y a-t-il des suggestions pour nommer ces "propositions-de-sens-virtuelles-que-le-net-actualise-sauvagement" ?...)

En guise d'illustration, cet article récemment publié dans "la vie" (Al-Hayat).
http://www.daralhayat.com/science_tech/02-2006/Item-20060216-74053208-c0a8-10ed-0118-a77078106ea5/story.html
On y parle des multiples attaques lancées par des hackers musulmans contre des sites danois et européens. Pas de quoi s'étonner.

Mais il y a plus amusant : les Danois se sont également emparés du Net pour y faire circuler une lettre, non pas d'excuses mais d'explication (en arabe d'ailleurs).

A noter, dans le même numéro, un autre article sur les procédés de la lutte sécuritaire électronique (on peut dire aussi "contre-terrorisme" !): http://www.daralhayat.com/science_tech/02-2006/Item-20060216-74048d1d-c0a8-10ed-0118-a7700e04ecdf/story.html

D'une manière générale, on retrouve dans la rubrique "Internet" du Hayat une tendance trop présente dans la presse arabe : reprendre, en le traduisant en arabe, des infos déjà publiées dans la presse internationale (cela dit, ce n'est pas forcément inutile !) Mais cela n'ôte rien au fait que la dite rubrique est vraiment un bon indicateur des tendances du moment (je me souviens ainsi du jihad électronique, des blogs, etc.). A ce titre, c'est vraiment une très bonne source.

lundi, février 13, 2006

Pas très "net" le nuage de caricatures...



Non, on ne va pas rajouter un énième commentaire à "l'affaire des caricatures" ! (Tout de même, on pourrait s'interroger sur le rôle des TIC dans cette affaire, car ce sont elles qui ont permis la diffusion des représentations "interdites", et celle des mobilisations, via SMS...) Mais l'occasion est bonne pour présenter, et tester, deux petites "moulinettes" préparées par Jean Véronis, professeur à l'université de Provence (la visite de son blog - http://aixtal.blogspot.com/ - est chaudement recommandée ; il y parle de toutes sortes de choses, assez passionnantes, autour du fonctionnement "réel" des moteurs de recherche en ce moment).

La première de ces petites machines amusantes, c'est le "chronologue". A savoir, une manière de visualiserla fréquence d'utilisation, à partir d'un moteur de recherche, d'un mot clé donné. Sur le mot "caricature", cela donne le résultat que vous voyez en illustration au-dessus. Pour vous amuser vous-même à partir des propres termes de votre choix, rendez-vous à la page http://aixtal.blogspot.com/2005/12/outil-le-chronologue.html.

La seconde, le "nébuloscope", est encore plus intéressante. Il s'agit cette fois de "voir" - dans le virtuel - les associations de termes. Voilà ce que cela donne pour le même terme (cf. le "nuage de mots" en seconde illustration ; naturellement, ce qui est intéressant à noter, c'est l'apparition du mot "mahomet" - j'ai essayé de le faire apparaître en l'entourant en rose - dans la série de termes bien plus attendus).

Allez voir vous-même (http://aixtal.blogspot.com/2006/01/outil-le-nbuloscope.html) : il y a certainement des expériences amusantes à faire !

jeudi, février 02, 2006

Rapport sur le rapport


Le nouveau rapport de Human Rights Watch vient d’être publié (novembre 2005). Son titre, un peu accrocheur : False freedom: Online Censorship in the Middle East and North Africa.

Pour le récupérer : http://hrw.org/reports/2005/mena1105/

Un précédent rapport, toujours par HRW, avait été publié en juin 1999 (The Internet in the Mideast and North-Africa. Free Expression and Censorship). Il est disponible également en ligne (avec des traductions, notamment en arabe) : http://hrw.org/advocacy/internet/mena/download.htm).

Bien plus intéressant que le précédent texte évoqué, on y retrouve grosso modo les mêmes rubriques : exposé d’ensemble, situation juridique, recommandations, analyse par pays… Il a les mêmes qualités, notamment une foule d’informations à piocher : des chiffres, des adresses, des infos... Travailler sur les trois (HRW juin 1999, ANHRI juin 2004 et HRW novembre 2005) permet de mettre les choses en perspective. En apparence, le ton n’est pas très gai puisqu’il navigue quelque part entre new space of repression et false freedom (mais les deux titres sont du même auteur, Gamal Eid !…) Pourtant, l’introduction du dernier, et plus récent, n’est pas que négative.

Centré sur le rôle d’Internet comme outil d’information, le texte commence par un utile rappel sur la rapidité de l’essor d’Internet dans la région (ça y est, l’idée va finir par passer à force d’être martelée !), la faiblesse de ses coûts par rapport aux autres modes de publication, et sa simplicité vis-à-vis de son potentiel de diffusion… Plus original, on y trouve également un rappel des politiques menées, sous des formes assez diverses il est vrai, par pas mal d’Etats arabes (là encore, l’idée reçue de la totale impéritie des responsables arabes, tous gouvernements confondus, finira bien par reculer…). Quatre pays reçoivent un coup de projecteur particulier : l’Egypte, l’Iran, la Tunisie et l’Iran pour mordre un peu au-delà de la région strictement arabe.

Un point de vue anime les auteurs : faute d’un goût naturel et suffisamment prononcé pour la démocratie chez ceux qui pourraient la promettre (mais ils ne sont pas les seuls en ces temps où Google baisse pavillon devant les autorités chinoises !...), la moins mauvaise des solution dans la période actuelle, c’est encore la diversification des ISP (fournisseurs de services). Les exemples fournis vont en ce sens bien sûr, mais cela se défend assez bien, au moins dans certains contextes… On pourrait tenter un axiome du genre : la diversité des ISP est une condition nécessaire mais pas suffisante pour une relative diversité de l’information sur le Net (ce qui ne signifie par nécessairement liberté, mais c’est un autre débat…)

dimanche, janvier 22, 2006

La couverture du rapport




Quand la technique nous trahit ! je croyais avoir enregistré l'image dans le précédent message ! En prime, le lien à l'article dans Al-sharq al-awsat !

http://www.asharqalawsat.com/details.asp?section=54&article=342943&issue=9908

Mieux vaut tard que jamais !

Trouvée dans l’excellente « revue de presse » all4syria.org – au fait, faut-il appeler cela une « revue de presse », il faudra y revenir – un article publié le 13 janvier dernier dans Alsharq al-awsat, par Muhammad Abu Zaid sur la censure d’Internet dans le monde arabe…
الإنترنت في العالم العربي .. تحت الحصارالشبكة العربية لمعلومات حقوق الإنسان تؤكد تزايد مساحة القمع المعلوماتي في الدول العربيةمحمد أبو زيد : الشرق الأوسط
Recherche faite, l’article traite d’un rapport publié en… juin 2004 ! Les nouvelles vont vite à l’heure d’Internet ! Mais mieux vaut tard que jamais.
Le rapport en question, The Internet in the Arab World: A New Space of Repression, est écrit par Gamal Eid, un des responsables (legal researcher and executive director) du Arabic Network for Human Rights Information (http://www.hrinfo.net/).
Vous irez voir le site pour apprendre ce que c’est mais quelques mots tout de suite sur ce petit rapport (33 pages) que je ne trouve pas très bon, mais qui constitue, malgré tout, une source d’information utile http://www.hrinfo.net/en/reports/net2004/index.shtml
Pourtant, l’idée générale – cf . le titre – n’est pas follement originale : Internet n’est pas totalement libre ! Et dans le monde arabe en plus !!! Pour le monter, l’auteur passe en revue 11 Etats, entre pas très bons et franchement mauvais : EAU, Jordanie, Bahrain, Tunisie, Arabie saoudite, Syrie, Irak, Qatar, Libye, Egypte, Yémen… A chaque fois, il y a quelques données quantifiées, et un petit topo sur le pays concerné, souvent des bribes d’interviews, de points de vue, sélectionnés-collés selon une logique pas vraiment très explicitée... Le texte n’est pas long, et c’est souvent un peu léger, mais il y a des exceptions, où l’on trouve des choses plus intéressantes (Arabie saoudite, Irak au temps de Saddam, l’Egypte pour laquelle les infos sont plus fraîches et avec une discussion sur la question des sites gay…)
Comme toujours en pareil cas, des références, des adresses intéressantes au détour d’une note…
Le texte se termine par la sempiternelle liste de recommandations et, un peu plus original, différents conseils pratiques pour éviter les problèmes (aïe, il y a plein de choses que je ne devrais pas faire !...)
Une petite question à l’auteur de ce rapport (et à ceux qui écrivent sur ce sujet, y compris l’auteur de ces lignes) ! comment peut-on, à 6 lignes d’intervalle (p. 3), parler de « censorship » quand il s’agit des uns («Many Arab governments practice selective censorship») et de «monitoring» quand il s’agit des autres («After the September 11th attacks and the increased monitoring of Islamic Internet sites») ? Je sais bien, ce ne sont pas les mêmes mots, ni vraiment les mêmes pratiques… Quoique, monitoring, ça ne peut pas se traduire par raqâba (رقابة ) en arabe ?